Après les attentats, les psychologues de la société larmorienne ont reçu deux fois plus d’appels par rapport à l’an passé à la même époque. (Photo d’archives AFP). Stress, anxiété, syndrome du survivant… Les conséquences des attentats de Paris sont telles que les psychologues sont très sollicités.

« Traumatisme suite attentats de Paris ».
Sur les écrans de Jean-Pierre Camard, créateur larmorien de cette plateforme téléphonique de psychologues qui interviennent dans toute la France auprès d’un million de salariés, cette fiche type revient fréquemment depuis un mois. Trop fréquemment.
« Ça continue, on en reçoit tous les jours, assure le gérant. Il y a ceux qui ne peuvent pas prendre les transports, ceux qui craignent la foule, ceux qui connaissent une victime, de près ou de loin… Il y a aussi le syndrome du survivant, ceux qui étaient présents la veille, qui fréquentent souvent tel ou tel endroit pris pour cible… Ils le vivent très mal. Il faut être vigilant. Cette anxiété ne se calme pas et touche beaucoup de jeunes ».

1.000 appels en novembre
L’entreprise, qui compte une quarantaine de psychologues diplômés – consultables jour et nuit par les salariés dont les collectivités (assurance-maladie, Caisse des dépôts, Insee, centre hospitalier de Quimperlé…) ou entreprises (Andros, Philips, Brit Air…) cotisent à Pros-Consulte a comptabilisé près de 1.000 appels en novembre. Le double de l’an passé à la même époque.

Le plus souvent à la demande des DRH qui ont pris les devants. À l’image de cette entreprise dont l’un des salariés a été tué au Bataclan. Outre le téléphone, l’entreprise a ajouté la gestion de crise à ses prestations. Elle dénombre déjà près de 75 interventions sur site dans la foulée des attentats, c’est-à-dire au plus près des salariés.

Une dizaine de psychologues se sont déjà déplacés pour écouter et créer des groupes de paroles. C’est par exemple le cas ce jeudi, en Seine-Saint-Denis, où Marie, psychologue parisienne, intervient dans une caisse d’assurance-maladie des Yvelines. Là où une descente de policiers, le 27 novembre dernier, aussi rapide qu’inexpliquée, a généré un stress. Elle a également travaillé à la caisse d’assurance-maladie de Saint-Denis située à quelques mètres des lieux de l’assaut.

« Sans parole certains s’isolent »
« Ils ont entendu des choses, nous sommes dans un vrai choc psychologique, souffle-t-elle. C’est très profond, et tous n’en parlent pas forcément car il y a une forme de honte à se plaindre, ils trouvent que c’est dérisoire. Une salariée m’a dit qu’elle ne mettait plus de talon pour pouvoir courir. Une autre a changé ses horaires de train, transformé son quotidien, sa façon d’être. Il faut intervenir le plus tôt possible pour désamorcer le stress. Sans parole, certains s’isolent dans la souffrance ».

La psychologue cite deux exemples qui l’ont marquée. Un jeune chauffeur venu à 5 h du matin livrer près du Bataclan sans savoir. « Il a été en état de choc ». Un infirmier marqué par les odeurs. « Il n’était pas préparé à ça ».

Samira, psychologue du travail, est également intervenue en Seine-Saint-Denis. Elle loue ces groupes de paroles. « Habituellement, il n’y a pas beaucoup de monde. Là, dès le début, les groupes étaient importants. On leur explique qu’il est normal de vivre cette angoisse, d’être déstabilisé. D’autant que cela fait ressortir d’autres traumatismes plus lointains. Ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls. Il faut tout verbaliser, ne pas garder ça pour soi. Sinon cela fera plus de mal. Cela ne laisse personne indemne : soit on chute, soit on se relève. Mais il ne faut pas rester seul ».

Comme sa collègue, Samira a été marquée par quelques cas. « Cette jeune maman de 23 ans, isolée, sans mari, sans amis, et marquée par ces événements. Elle se renfermait encore plus, évitait les contacts ».

Yves Madec

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Article publié le Jeudi 10 Décembre 2015

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