Après les risques psychosociaux, Pros-Consulte, basée à Larmor-Plage, ouvre sa plateforme d’écoute psychologique (3 millions de salariés) aux victimes de harcèlement au travail. Dans un contexte de forte tension, la parole se libère et les appels affluent. Révélant chaque jour des faits, du simple geste déplacé, au viol supposé. Propos déplacés ou dégradants, comportements à connotation sexuelle, faits d’attouchements non-consentis ou de viols… Que se passe-t-il dans le huis clos des bureaux, au travail, dans les services des grandes et petites entreprises ? Depuis l’affaire Weinstein et son vertigineux retentissement en France, charriant son lot d’accusations sur les réseaux sociaux (le hashtag #balancetonporc), la parole se libère. Une femme sur cinq serait victime de harcèlement sexuel dans le cadre de son travail, rapporte une enquête du Défenseur des droits (2014).

 

« Les entreprises veulent savoir »

Le bruit n’a pas été que médiatique. La prise de conscience a été aussi brutale que réelle dans le monde du travail. Pour beaucoup de patrons, responsables de grands groupes ou élus en charge d’importantes collectivités locales, se pose désormais la question : des situations de harcèlement existent-elles dans mes services ? « Cette interrogation est restée sans réponse. Beaucoup de nos clients, démunis, mais rassurés par notre expertise, se sont tournés vers nous pour y voir plus clair. Ils voulaient un outil pour savoir ce qui se passait chez eux », rapporte Jean-Pierre Camard, le P-DG de Pros-Consulte. Jusqu’alors, la plateforme d’écoute psychologique, dont le siège est à Larmor-Plage, était spécialisée dans la prise en charge des risques psychosociaux. L’Assurance-maladie, EDF Enedis, les caisses RSI, la région Normandie, les professionnels de santé (1,9 million de salariés et libéraux) ont signé avec Pros-Consulte, l’un des leaders du marché en France. Leurs salariés disposent 24 h/24 d’un numéro vert pour se confier. Au bout du fil, 63 psychologues diplômés se partagent les appels des 600 clients, soit 10.000 par an et 1.

200 jours de présence dans les entreprises (cellules de crise, groupes de paroles, entretiens). Depuis les événements du Bataclan, la loi impose la mise en place sous 24 heures d’une cellule psychologique. « On s’est adapté à cette donne en essaimant des relais (des psychologues) partout en France », précise la directrice générale, France Hetier.

« Une écoute professionnalisée »

Depuis septembre, Pros-Consulte a ouvert une ligne spécifique dédiée au harcèlement au travail. « Ce qui se passe actuellement n’est pas un effet de mode. Ces témoignages ont ouvert la boîte de Pandore. Au travail, la parole va se libérer durablement et les tabous vont tomber », analyse Jean-Pierre Camard qui plaide pour une écoute professionnalisée. « Il faut faire comprendre que ces agissements ne sont plus acceptables. Mais on ne peut pas mettre tous les comportements sur le même plan, comme on peut le voir sur les réseaux sociaux ».

4 M€ de chiffre d’affaires

Depuis l’ouverture de la ligne, les appels affluent. Révélant chaque jour des faits de harcèlement, du geste déplacé au viol supposé. « On ne fait pas de psychothérapie par téléphone. Nous recueillons la parole de manière anonyme. Si la victime souhaite porter plainte, la direction est alertée mais, jamais, sans brusquer la parole ». De nouveaux clients, intéressés par cette seule problématique, ont frappé à la porte de Pros-Consulte. Dans quelques semaines, les premiers rapports seront transmis. « Ils auront ainsi une photographie de ce qui se passe chez eux ». Cinq nouveaux psychologues vont renforcer les effectifs* de Pros-Consulte, qui table sur un chiffre d’affaires de 4 M€ en 2018 (3 M€ en 2017).

* Pros-Consulte compte actuellement douze salariés permanents sur le site de Larmor-Plage.

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