Le burn-out, souvent confondu avec un état dépressif, est largement sous-estimé. Pourtant, les chiffres évoqués par différentes études sont particulièrement inquiétants : 10 % des Français seraient concernés (1 Allemands sur 5 d’après une récente étude).

Qu’est-ce que le burn-out ?
Le burn-out est un terme choisi par des psychologues, particulièrement intrigués par l’état d’épuisement de certains de leurs patients exerçant dans le domaine médico-social. Le terme de burn-out désigne au départ un incendie qui s’interrompt de lui-même, ayant brulé tout ce qui pouvait l’être. Cette image a été choisie parce que les personnes souffrant de burn-out ont épuisé toutes leurs ressources, toute leur énergie dans leur activité professionnelle et se retrouvent totalement consumées et sans ressort.
Dépression et burn-out doivent être bien différenciés : une personne souffrant de burn-out n’est pas nécessairement dépressive, et ce qui l’affecte, ce qui la touche, repose principalement sur des causes professionnelles. Ce sont des conditions de travail difficiles qui le provoque. Chez une personne dépressive, l’origine est plus diffuse et les pensées négatives concernent différentes sphères : professionnelle, familiale… Attention toutefois, un burn-out non traité peut conduire à la dépression !
Les conséquences du burn-out et de la dépression sont en revanche assez proches : anhédonie (perte du plaisir et de l’envie de faire des choses), fatigue, baisse de la concentration, de la mémoire, troubles somatiques (troubles alimentaires, du sommeil, de la libido, hypertension…).

Quelles sont les principales conséquences du burn-out ?
Le burn-out se caractérise par trois grandes phases :

  • Fatigue psychologique et incapacité à retrouver de l’énergie : la simple idée d’aller au travail devient alors insupportable
  • Dépersonnalisation : la personne va mettre en place un mécanisme de protection qui consiste à se détacher émotionnellement des personnes qu’elle côtoie. Elle va devenir indifférente, dure, cynique à l’égard de ses collègues, clients, patients, usagers… qu’elle va traiter comme des objets, des cas, des situations et non plus comme des personnes
  • Perte du sentiment d’accomplissement personnel : le travail a perdu tout son sens, et la personne doute à la fois de son efficacité et de ses compétences

Quels sont les conditions de travail favorisant le burn-out ?
Il y a trois facteurs principaux, dont la réunion est particulièrement néfaste :

  • Une charge de travail mal évaluée, notamment une surcharge (néanmoins, se retrouver au placard ou sans mission est également très destructeur)
  • L’absence de « latitude décisionnelle », c’est-à-dire un manque d’autonomie, de marge de manœuvre pour atteindre ses objectifs, l’impossibilité de choisir les moyens et l’organisation déployés pour réaliser sa tâche
  • Le manque de soutien, aussi bien celui des collègues que celui de sa hiérarchie

D’autres facteurs, internes ou externes, peuvent également mener au burn-out : le manque de communication, des locaux et du matériel peu ergonomiques, un contexte professionnel dangereux (qui requiert une vigilance constante), une situation de harcèlement moral (cf article sur le harcèlement moral), le manque de reconnaissance mais également l’incapacité chronique à dire non… (cf article “C’est un salarié qui fait oui, oui, oui”).

Quels sont les métiers les plus concernés ?
Si le burn-out peut toucher tous les domaines professionnels, ce sont les populations confrontées à un publicqui sont le plus touchées : secteur médical, paramédical, social, enseignants, magistrats, forces de l’ordre…

Comment réagir ?

  • En consultant un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans le domaine du travail, pour comprendre ce qui a causé le burn-out et prendre des mesures pour agir sur ces causes.
  • En consultant son médecin généraliste qui pourra estimer s’il est utile d’être arrêté quelques temps pour pouvoir se reconstruire.
  • En avertissant sa hiérarchie, le personnel RH, le médecin du travail ou un membre du CHSCT pour que les facteurs de risques psychosociaux soient évalués, prévenus à leurs origines et que le contexte professionnel ne soit plus pathogène.

Anne Quélennec (0056)
Psychologue du travail
Spécialiste des RPS