Le harcèlement moral est un processus de destruction lent mais terriblement efficace : une violence discrète, une poigne de fer invisible, des brimades quotidiennes, des insinuations répétées, souvent dites sur un ton badin, mais qui font mal.

1 français sur 10 se dit victime de harcèlement moral sur son lieu de travail !

Le piège se referme :
Après avoir isolé sa proie, le harceleur plonge sa victime dans le doute, en lui fixant des objectifs contradictoires ou inaccessibles. Malgré sa bonne volonté, et son énergie décuplée, le harcelé se met à angoisser, à stresser, il déprime, ne dort plus, se fait mettre en arrêt de travail dès qu’il le peut et ses performances, effectivement, diminuent, renforçant le cercle vicieux de la perte de confiance en soi.

Le couple bourreau – victime :
La victime est souvent une personne consciencieuse qui s’applique à donner une bonne image d’elle-même, elle a le sens des responsabilités et culpabilise facilement. De même le « bourreau » a de lui une très mauvaise image, qu’il projette sur sa victime. Il est souvent volubile et séducteur mais contrairement au harcelé,  il ne se remet jamais en question, est incapable de ressentir de culpabilité ou de compassion. Il sait d’instinct les points faibles de ses interlocuteurs et sait appuyer là où ça fait mal. Ses armes favorites : isoler, disqualifier, humilier, brimer. Sa jouissance est dans la prise de pouvoir sur l’autre et souvent son parcours professionnel reflète cette image de prédateur : il laisse de nombreuses victimes dans son sillage.

Sortir du harcèlement :
Les textes le disent : L’employeur est tenu à une obligation de sécurité de ses salariés, il manque à cette obligation lorsque l’un de ceux-ci est victime de violences physiques ou morales. Mais le harcèlement est difficile à identifier, encore plus à prouver puisqu’il se produit souvent à l’abri des regards. La toute première chose à faire pour la victime est de sortir de l’isolement, beaucoup viennent poster sur les forums, il faut en parler autour de soi mais surtout aux personnes compétentes dans l’entreprise, en premier lieu, le médecin du travail ou l’assistante sociale, les membres des CHSCT, les délégués syndicaux. Eviter de se retrouver seul face à son bourreau et ne pas tenter de l’amadouer. Sur le plan individuel, il s’agit de se faire aider par un psychologue pour remonter la pente de la confiance en soi ; puis, quelques séances de coaching permettront de se remettre debout, de se revaloriser, d’évacuer la culpabilité, de comprendre et de « détricoter » le processus du harcèlement, de devenir spectateur et non victime de son bourreau. Au niveau des dirigeants de l’entreprise, il est difficile de prévenir le harcèlement moral, on ne peut empêcher la rencontre de ces deux personnalités : le bourreau et la victime. Mais il s’agit de donner l’alerte le plus tôt possible en étant à l’écoute de chacun grâce à des groupes de paroles, un espace anonyme de soutien des salariés, un médecin du travail disponible etc.

France HETIER
Directrice Générale de Pros-Consulte