L’hyper-connexion, qu’est-ce que c’est ?

L’hyperconnexion désigne l’utilisation excessive des nouvelles technologies, du numérique et du temps qui y est accordé. En contexte professionnel, elle se traduit par une sollicitation des salariés en dehors des heures de travail et par un envahissement sur leur vie privée. Les salariés restent connectés tout le temps et partout. Ils répondent à un mail professionnel en soirée, reçoivent des appels le dimanche, consultent leurs mails pendant leurs vacances… Les sources d’informations sont nombreuses : emails, SMS, messagerie professionnelle, réseaux sociaux etc. L’hyperconnexion touche une grande majorité des professionnels mais ce sont les cadres qui sont les plus touchés.

Nous recevons des informations en quantité très importante, c’est ce que l’on appelle « l’infobésité ». Ce trop-plein d’informations nous empêche de prendre des décisions, nous n’arrivons plus à prioriser et à savoir ce qui est urgent et ce qui ne l’est pas.  Nous avons l’impression d’être multi-tâche mais en réalité, nous passons d’une tache à l’autre car notre cerveau ne peut traiter qu’une information à la fois. Cette sur-sollicitation n’est pas sans conséquence, elle entraine une diminution de la mémorisation, une diminution de la concentration, des oublis et impacte notre capacité d’analyse, amenant une incapacité à gérer le travail quotidien.

L’hyperconnexion est aussi liée à la peur de manquer quelque chose, appelé FOMO, l’acronyme de « Fear of missing out ». Les salariés sont angoissés à l’idée de manquer quelque chose d’important, un évènement, une information, un projet. Ils vérifient alors sans cesse leurs mails, SMS et notifications. Ce syndrome provoque des effets néfastes chez les individus concernés : surmenage, dépression, diminution de la productivité, perte d’énergie.

 

L’isolement favorise l’hyperconnexion

Avec la crise sanitaire, le télétravail s’est généralisé au sein des entreprises. Le premier confinement, en mars 2020, a entrainé un quart de la population active en situation de télétravail à 100%. Ce mode de travail présente des avantages mais a accentué l’hyper-connexion pour de nombreux salariés et managers, qui ont encore plus de mal à décrocher lorsqu’ils travaillent à domicile. Certains continuent de travailler tardivement dans la soirée, ne prennent aucune pause dans leur journée, ont remplacé leur temps habituel de trajet par du temps de travail. En télétravail, nous travaillons environ 49 minutes de plus chaque jour. La frontière entre le domicile et le travail n’étant plus présente, il est d’autant plus important de s’octroyer des pauses dans sa journée.

Par ailleurs, échanger avec ses collègues via les outils numériques est différent d’un échange dans la vie réelle. La qualité des interactions n’est pas la même, la dimension humaine est moins présente lors d’un échange à distance. On peut échanger avec beaucoup de personnes à distance et se sentir tout de même isolé. (Echanger à travers une messagerie engendre de la distance entre les individus et peut rendre l’interaction plus complexe.) En effet, le non-verbal n’est plus pris en compte, ce qui peut provoquer un manque de compréhension et donc engendrer des conflits.

 

Rupture avec la vie personnelle

L’hyperconnexion pousse les salariés à travailler sans cesse : le soir, le week-end, en vacances. Elle prend le pas sur nos relations familiales et relationnelles, provoquant une rupture des liens sociaux. Nous sommes connectés sur des temps normalement consacrés aux loisirs et à nos proches. Les temps de repos ne sont plus respectés alors que la déconnexion est essentielle pour se ressourcer. L’hyperconnexion nuit à l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, pourtant essentiel au bien-être des individus. Les personnes hyperconnectées s’éloignent de leur entourage proche alors qu’il représente un soutien très important lors d’une détresse psychologique au travail. Avec le développement des outils numériques, la vie professionnelle et personnelle se confondent. La frontière entre les deux devient floue, elles finissent par se confondre l’une avec l’autre. La disparation de cette frontière est nommée le blurring, vecteur de stress, de mal-être profond voire de burn-out pour les salariés. L’hyper-connexion impacte aussi la vie familiale puisque la famille peut mal vivre le manque de disponibilité de la personne.

 

L’hyper-connexion est néfaste pour la santé, elle entraine de nombreux risques.

Symptômes physiques :

  • Troubles de l’alimentation : troubles digestifs, comportements compulsifs, recours à la junkfood. Les repas sont souvent pris rapidement devant son écran d’ordinateur. Le cerveau est sursollicité et nous n’avons pas la sensation de satiété, entrainant un risque d’obésité
  • Altération de la qualité du sommeil : difficulté d’endormissement, réveils réguliers, troubles du sommeil, baisse du temps de sommeil. En utilisant les outils numériques avant de dormir, nous empêchons la mélatonine, l’hormone qui aide à s’endormir, à être libérée. Notre corps estime alors que ce n’est pas le moment de dormir.
  • Sédentarité : l’activité physique est quasiment absente alors qu’elle permet de prévenir de nombreuses maladies
  • Maladies cardiovasculaires
  • Fatigue visuelle : picotements, irritations, maux de tête… engendrés par une exposition prolongée aux écrans.

Symptômes intellectuels :

  • Baisse de la performance, erreurs, oublis…
  • Diminution de la concentration et de l’attention

Symptômes émotionnels :

  • Stress important
  • Fatigue mentale, avec une difficulté à se reposer
  • Isolement
  • Déclin de la motivation, de l’estime de soi
  • Changements d’humeur

Dans les cas les plus sévères, l’hyper-connexion peut amener à une dépression voire à un burn-out. Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est une pathologie liée au travail. Il s’agit d’une pathologie de surcharge. Il touche toutes les professions, tous secteurs d’activités confondus. Le simple repos n’est pas suffisant pour combattre le burn-out. En cas d’arrêt de travail, l’épuisement revient dès l’instant de la reprise de travail dans les mêmes conditions.

Lorsque la surcharge de travail est trop intense et dure sur le long terme, ce sont les défenses de l’individu qui s’effondrent. La personne n’est plus en mesure de se défendre contre les effets délétères de l’épuisement.

Selon une étude parue le 20 juin 2019 dans la revue de l’American Heart Association, les personnes travaillant plus de 10 h par jour pendant plusieurs années ont un risque accru de 29% d’être victimes d’un AVC (accident vasculaire cérébral). C’est en partie dû au fait qu’une surcharge de travail entraîne des modifications de comportement : faire moins de sport, manger plus et plus calorique, fumer plus, boire plus de café…

 

Limiter l’hyperconnexion : Les bonnes pratiques :

En entreprise :

  • Désactiver les notifications de la boite mail et consacrer une plage horaire spécifique à la gestion des mails
  • Programmer l’envoi d’emails tardifs
  • Partager son agenda avec ses collègues : cela évite les sollicitations permanentes en physique ou par messagerie
  • Prioriser les tâches et les traiter l’une après l’autre
  • Prendre des pauses pendant sa journée en s’éloignant des écrans : prendre un café, discuter avec des collègues
  • S’éloigner des écrans pendant la pause déjeuner : lire un livre, aller se balader, pratiquer une activité physique

En télétravail :

  • Si possible, travailler dans une pièce dédiée au télétravail
  • Prendre des pauses pendant la journée : aller prendre l’air, prendre un café
  • Prendre une vraie pause déjeuner : ne pas manger devant son ordinateur, prendre le temps et favoriser un repas sain
  • A la fin de la journée, mettre ses dossiers de côté et éteindre son ordinateur pour ne pas être tenté de se reconnecter

Pour retrouver un équilibre vie professionnelle-vie personnelle :

  • Sur le smartphone, désactiver les notifications de la boite mail et des applications mobiles
  • Ne pas emporter son ordinateur professionnel à la maison après la journée de travail
  • Instaurer des moments sans téléphone : pendant les repas, les loisirs, les moments de partage, après une certaine heure
  • Pratiquer une activité physique après la journée de travail
  • Prévoir des activités sociales sous forme d’habitude : consacrer son dimanche après-midi à une sortie en famille…
  • Opter pour une digital detox le week-end : mettre de côté son smartphone et son ordinateur