Le phénomène est virtuel mais les dérapages bien réels. Des adolescent(e)s lorientais(es) en ont fait les frais la semaine dernière. Rumeurs et ragots sur leur vie privée ont circulé sur internet via un compte Twitter «gossip girl lorient». Entendue jeudi au commissariat de Lorient, une lycéenne de 15 ans aurait reconnu les faits.

« Ragots rumeurs – gossip girl sur Twitter : si la vie privée de votre enfant est apparue sur le site “gossip girl lorient”, vous pouvez déposer une plainte ». Même la gendarmerie du Morbihan affiche, sur les réseaux sociaux, des messages de prévention. En cause, les comptes Twitter « gossip », en référence à la série télé à succès « Gossip Girl », dans laquelle une informatrice (anonyme) met la pagaille dans les écoles avec ses SMS délateurs. Un phénomène qui a débarqué la semaine dernière à Lorient. Le principe est simple : le créateur du compte invite chacun à envoyer, en messages privés, des vrais secrets et fausses rumeurs avant de les diffuser publiquement.

 « Insupportable »

Plusieurs collégiens et lycéens de trois établissements lorientais en ont fait les frais. Avec photos, prénoms, jusqu’aux noms de famille donnés en pâture aux followers. « Ce sont des amis et des camarades de classe qui m’ont avertie : on racontait sur Twitter que j’avais trompé mon petit copain avec mon ex », rapporte une élève de 1e du lycée Dupuy-de-Lôme. « Je savais que c’était faux. Je n’ai rien à me reprocher mais ce qui m’a énervée, c’est de ne pas savoir qui avait posté ça ». La lycéenne, qui n’a pas porté plainte, ne cache pas son agacement : « C’est insupportable. Je connais une autre victime qui a beaucoup pleuré. Les réseaux sociaux, ça ne sert pas à ça ! C’est une atteinte à la vie privée ».

Une élève du lycée Saint-Louis convoquée au commissariat

Si le compte Twitter en cause a été fermé, le mardi 8 novembre, dans la soirée, au moins deux plaintes ont déjà été enregistrées au commissariat de Lorient. Et très vite, le « corbeau » de la toile a été identifié par les victimes. Il s’agit d’une lycéenne de Saint-Louis, âgée de 15 ans, entendue jeudi par la police. « Elle reconnaît les faits, explique le commissaire Rey. Elle dit qu’elle a compris la leçon et a tout arrêté. Ce n’est pas une délinquante. Elle n’a pas mesuré les conséquences de ses actes ».

Le dossier a été transmis au parquet, qui décidera d’éventuelles poursuites. L’adolescente risque jusqu’à 3.700 € d’amende pour diffamation, une convocation devant le juge des enfants ou, plus probablement, un rappel à la loi.

« On ne contrôle plus rien » Claire MALOT, Psychologue PROS-CONSULTE

Sensibilisée au cyber-harcèlementClaire Malot, psychologue au sein de la plateforme Pros-consulte basée à Larmor-Plage, parle d’un phénomène viral : « Les jeunes, connectés en permanence, passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Avec l’instantanéité du Smartphone, l’information est partagée et relayée en un temps record ». Il y a un effet boule de neige : « On ne contrôle plus rien du tout ». Impossible, pour ces jeunes, de stopper la machine. « Cette adolescente n’a, semble-t-il, pas eu conscience de ses actes. Il s’agit d’une population fragile et surtout influençable : on est derrière son écran. Dans le virtuel, on n’a plus peur et on suit le mouvement ».

La psychologue évoque plusieurs niveaux de prévention : d’abord la sphère familiale. « Les parents doivent se former aux réseaux sociaux et surtout, se rendre disponibles. Les personnels de l’Éducation nationale doivent aussi être sensibilisés. Une prévention qui passe également, insiste la professionnelle, par des associations comme l’APESE (association pour un environnement serein à l’école) ».

Article publié le Samedi 19 Novembre 2016

Ragots sur Twitter. Une lycéenne entendue par la police

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