Nous sommes salariés d’entreprises privées, indépendants, agents administratif, soignants, caissiers, chômeurs, directeurs, etc. et aujourd’hui nous sommes tous confrontés à cette même situation délicate : le confinement dû à la propagation du Covid-19 dans le monde. Afin de garder et de créer du lien, afin de partager des expériences, des conseils en termes d’organisation d’entreprise mais également au niveau individuel, nous vous proposons de découvrir des témoignages de travailleurs via de courtes interviews : comment s’organiser au niveau professionnel ? Au niveau personnel ? Quelles sont les difficultés ? Quelles sont les conditions pour maintenir une activité en ces temps de crise sanitaire ?

Agnès, attachée de recherche clinique dans un hôpital Parisien*
*pour une question d’anonymat nous ne mentionnons pas le nom de l’hôpital.

Qui es-tu que fais-tu ?
Je suis attachée de recherche clinique, j’ai intégré cet hôpital à Paris depuis le 4 mars. Donc au moment où le Covid-19 se répandait partout et surtout dans les hôpitaux.

Par rapport à cette situation particulière, comment s’est passée ton arrivée ?
Le premier jour de mon arrivée nous avons eu une réunion sur le Covid-19. Nos chefs nous ont dit qu’en vue de l’épidémie, l’hôpital devrait s’adapter chaque jour, qu’il y aurait des réorganisations et que tout pouvait changer du jour au lendemain. J’ai quand même commencé une formation dans le service de recherche que je devais intégrer que je n’ai, bien sûr, pas pu finir. Nous avions en parallèle des réunions chaque jour pour nous informer de l’évolution et des réorganisations par rapport au Covid-19.

Comment s’est organisé le service dans lequel tu travailles ? Et comment s’est organisé ton travail ?
Avant l’annonce du confinement, nous avons dû limiter notre travail et annuler les rendez-vous pour que les patients ne viennent pas à l’hôpital et ne soit pas en contact avec le virus. Ensuite, lorsqu’il y a eu le confinement, nous avons prévenu tous les patients que le service était momentanément fermé et nous avons mis en place un système de garde. Les infirmières de notre service ont été réquisitionnées pour aider l’unité Covid-19.

Pour ma part, j’ai décidé de me porter volontaire pour travailler pour le Covid-19 : faire de la saisi de données pour les recherches cliniques sur le virus. Je suis en télétravail.

En quoi consiste ton travail en lien avec le Covid-19 ?
Aujourd’hui il y énormément de recherches en court sur les médicaments testés, nous avons beaucoup de saisis à effectuer et nous sommes seulement 3 à le faire dans notre hôpital. On ne s’en sort pas. Je ne décroche pas de mon ordinateur, j’essaye d’avancer les week-ends également.

Concrètement, les médecins de l’hôpital répertorient les patients contaminés, ils leurs administrent des traitements.  Ensuite, je reçois différentes informations et je les saisir dans un logiciel pour permettre aux recherches d’avancer. Les informations ce sont, par exemple : la manière dont les patients réagissent aux traitements administrés, nous saisissons les données de ventilations des patients, si le patient a besoin d’oxygène et avec quel appareil (masque respiratoire ou intubation), combien d’oxygène a t-il besoins, s’il a de la température, s’il est conscient…etc. J’apprends tous les jours car il y a des nouvelles données chaque jour et c’est un virus qu’on ne connait pas, on ne sait pas comment il évolue.

Comment vis-tu la situation par rapport à ce travail de saisi de données ?
Personnellement, le fait d’effectuer un travail à distance me préserve psychologiquement. Mais il est vrai que le fait de suivre l’évolution de santé d’un patient est très particulier. Je sais comment il réagit, il peut aller bien le matin et puis 2 heures après sa santé se dégrade. Je sais lorsqu’il s’en sort ou lorsqu’il décède. Dans ce moment-là je me mets à la place des médecins et des infirmiers. Cela doit être très difficile lorsqu’on a tout tenté pour sauver la personne.

Je me sens utile pour les protocoles de recherche. Malheureusement ce sont des protocoles très long : les saisis passent par les statisticiens puis elles sont interprétées et donc les résultats ne sont pas attendus pour tout de suite… Nous aurons quand même des premiers résultats sur la chloroquine, car il y a une étude en court sur un nombre suffisant de patients. Normalement les résultats sortiront en avril-mai.