Le travail de demain devrait être considérablement différent de celui que l’on connaît aujourd’hui. Cela est notamment dû au développement de l’intelligence artificielle et de l’automatisation.
Ces outils ont déjà commencé à intégrer notre quotidien. Selon une étude de l’IFOP, 16% des Français utilisent les IAG. De même, en février 2023, ChatGPT a dépassé les 100 millions d’utilisateurs en seulement 2 mois.
Au travail, comme chaque nouvelle arrivée technologique, l’intelligence artificielle génère à la fois de la curiosité et de l’inquiétude pour les entreprises comme pour les salariés.
Selon une étude d’OpinionWay menée en avril 2024, 93% des décisionnaires interrogés considèrent que l’IAG est une vraie révolution pour les entreprises. Pour autant, 33% des entreprises ne prévoient pas son intégration avant 2025.
Intelligence artificielle, automatisation : pourquoi s’intéresser au travail de demain ?
S’intéresser au travail de demain permet d’anticiper les changements. Ainsi, les entreprises auront plus de facilité à faire des choix adaptés pour répondre aux incertitudes. Cela leur permet aussi d’anticiper leurs besoins en recrutement, en formation ou encore en mobilité interne.
Anticiper les changements, c’est aussi prévenir les risques. Face aux transformations, il est notamment important de maintenir la qualité de vie au travail et le bien-être des équipes.
Enfin, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) devient essentielle pour s’adapter.
Intelligence artificielle, automatisation : de quoi parle-t-on ?
La frontière entre l’intelligence artificielle et l’automatisation peut paraître floue. Pour autant, ce sont deux notions différentes. Selon la CNIL, l’intelligence artificielle est un procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies.
L’automatisation, c’est le fait de remplacer les gestes métiers par un programme qui va exécuter différentes actions. Une intervention humaine minimale est nécessaire.
L’automatisation et l’intelligence artificielle peuvent être associées pour devenir complémentaires. Ensemble, elles permettent de nombreux avantages en apportant chacun leurs atouts.

Le développement de l’intelligence artificielle en milieu professionnel
Des emplois transformés
L’intelligence artificielle et l’automatisation ont déjà commencé à modifier notre environnement professionnel.
Une étude de chercheurs d’Oxford datant de 2013 disait que 47% des emplois allaient disparaître du fait de l’automatisation dans environ 10 ans. Nous nous apercevons que cette projection ne s’est pas réalisée.
Les recherches d’aujourd’hui, telle qu’une étude de l’Organisation Internationale du Travail, montrent que l’automatisation et l’IA ne vont pas entièrement éliminer les emplois mais plutôt les faire évoluer.
Utilisation de l’intelligence artificielle en entreprise
- Moins de 10% des entreprises ont adopté l’IA. Les grandes organisations sont les plus représentées. (OCDE)
- 19% des cadres ont déjà utilisé les outils d’IA dans le cadre professionnel en mai 2023. En mai 2024, ils sont désormais 41%. (APEC)
- 15% des TPE et PME utilisent l’IA régulièrement ou occasionnellement. (BPI France/Le Lab)
- 14% des dirigeants n’utilisent pas les IA par choix ou interdisent leur usage. (BPI France/Le Lab)
Impact de l’intelligence artificielle sur le travail
Bien utilisée, l’IA offre de nombreux avantages pour les entreprises. Elle peut être utilisée pour améliorer la relation client, générer du contenu, automatiser des rapports, optimiser la gestion de projets et les processus décisionnels.
D’un autre côté, elle peut représenter un levier d’amélioration de la qualité de vie au travail. Elle permet par exemple de libérer les équipes des tâches à faible valeur ajoutée, répétitives et fastidieuses. Elles auront ainsi plus de temps pour des tâches plus créatives.
L’OCDE a mené une enquête auprès de travailleurs et d’employeurs des secteurs financiers et manufacturiers, révélant certains éléments.
Premièrement, les travailleurs utilisant l’IA sont 4 fois plus nombreux à observer que les SIA ont amélioré les conditions de travail. Par ailleurs, les entreprises déclarent que l’IA a automatisé certaines tâches mais qu’elle a aussi entraîné de nouvelles tâches à réaliser. Les salariés expriment également que le rythme du travail s’est accéléré et qu’ils s’inquiètent pour la stabilité de l’emploi et du salaire.
Les enjeux de l’intelligence artificielle
Emploi et marché du travail
L’IA fait évoluer les postes de travail. A niveau des pays de l’OCDE, on estime que 27% des emplois sont associés à des professions fortement exposées au risque d’automatisation. Cela signifie ainsi que +70% des tâches peuvent être automatisées.
Il y a quelques années, les fonctions les plus exposées étaient les postes peu qualifiés. Aujourd’hui, avec l’avancée de l’intelligence artificielle, les postes qualifiés sont aussi concernés. Ainsi, les juristes, professionnels du secteur social et culturel, fonctions administratives et commerciales, managers… sont aussi touchés.
Enfin, la question du salaire se pose également pour les travailleurs. L’IA peut-elle entraîner une baisse ou une hausse de salaire ?
Sécurité et cybersécurité
Les données sont tout d’abord au cœur de l’IA. Des données robustes et de qualité sont nécessaires.
De plus, le risque de piratage et de cyberattaque existe. Par ailleurs, il subsiste un manque de transparence sur le processus et le traitement des données. Cela rend d’ailleurs difficile la prévention sur le sujet.
Ethique
L’intelligence artificielle entraîne de nombreuses questions. Les droits d’auteurs sont par exemple interrogés. De même, nous pouvons nous demander comment les données sont utilisées. En France, la CNIL se préoccupe de ces questions. Au niveau européen, il existe l’AI act. Cette loi vise à soutenir le développement de l’outil tout en encadrant son utilisation. La question de la responsabilité se pose également. Par exemple, en cas d’accident imminent de la route, quel sera le choix de la voiture pilotée par l’IA ?
Social
L’intelligence artificielle interroge le lien social. En effet, elle va permettre de résoudre des problématiques, qui jusqu’ici, est notamment permis par le collectif en entreprise. Par ailleurs, cela pose aussi la question des risques psychosociaux puisqu’on sait que le soutien social en est un facteur de protection.
Ecologique
L’IA consomme énormément d’énergie pour traiter les données, pour fonctionner. Cela entraîne un impact carbone et une consommation d’eau importants.
La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences


La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) est une approche stratégique dont le but pour les entreprises est d’anticiper les besoins futurs en compétences. L’objectif est de connaître les nouvelles compétences nécessaires et d’identifier celles qui deviendront obsolètes. Les entreprises ont besoin de cette identification car les évolutions se font très rapidement.
Formation des équipes
Les entreprises devront accompagner l’évolution des différents métiers et former les salariés aux nouvelles compétences demandées par l’IA. En effet, comme pour tout nouvel outil technologique, l’utilisation de l’intelligence artificielle demande de la pratique et de la connaissance. De même, il est également important que ce ne soit pas seulement les équipes qui soient formées. En effet, la formation des managers et de la direction est nécessaire pour favoriser l’acceptation de ces transformations par les équipes. Cela leur permet également d’utiliser au mieux le potentiel de l’IA pour assurer la compétitivé de l’organisation.
De plus, le développement de l’IA impactera aussi le recrutement. Les entreprises seront en effet à la recherche de profils dotés de ces nouvelles compétences et pouvant soutenir ces transformations. 27% des entreprises ont d’ailleurs déjà recruté de nouveaux talents pour intégrer l’IA dans leur fonctionnement et 55% prévoient de le faire.
Flexibilité
Les organisations vont devoir faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité. En effet, elles devront repenser les processus de travail, l’organisation et le management pour faciliter l’intégration de l’IA.
Les potentiels risques psychosociaux engrendrés par l’intelligence artificielle
Laetitia Parrenne, psychologue de notre réseau, met en avant les risques psychosociaux potentiels engendrés par l’IA, basés sur son expérience terrain et ses échanges avec ses pairs :
- Intensité du temps de travail
- Perte d’autonomie
- Evolution de la relation client/patient/usager
- Diminution du lien social
- Perte de sens au travail
- Baisse de la reconnaissance
- Conflits de valeur
- Insécurité concernant la situation de travail
- Evolution des postes
Stratégies d’atténuation pour protéger la santé des collaborateurs
Face aux RPS, elle nous apporte ses conseils pour préserver les salariés :
- Former les équipes sur les nouvelles compétences demandées par l’IA
- Accompagner les individus et les collectifs dans le changement : étude d’impact, accompagnement individuel des salariés
- Mettre en place des espaces de discussion et de débat autour du travail
- Garantir l’éthique
- Maintenir le lien social, préserver le sens du travail et l’autonomie

Ces changements sont pour le moment sources d’incertitudes, d’inquiétude ou de curiosité. Mais gardons en tête, que s’ils sont maîtrisés, ce sont des outils efficaces pour augmenter la productivité, favoriser l’innovation ou encore améliorer la relation clientèle.
Pour les entreprises, la gestion prévisionnelle des emplois est cruciale pour suivre cette transition. La GPEC leur permettra d’utiliser ces outils de la meilleure manière pour prospérer.
Enfin, il sera nécessaire de porter une attention particulière aux risques psychosociaux engendrés par ces changements. En effet, la recherche d’efficacité ne doit pas se faire au détriment de la santé mentale au travail et du bien-être des équipes. Les entreprises doivent donc là aussi anticiper les risques pour mettre en place des actions de prévention efficaces.