Mieux comprendre les biais cognitifs

Les biais cognitifs sont des raccourcis de la pensée permettant un traitement très rapide de l’information afin d’apporter une réponse et/ou prendre une décision rapidement.

Ils sont présents chez tous les individus. D’autre part, ils sont généralement inconscients, involontaires et automatiques.

Initialement, ils ont une fonction de survie. Mais ils peuvent nous desservir. En 1972, Tversky & Kahneman ont défini les biais cognitifs comme un schéma de pensées hâtif, trompeur et faussement logique qui altère la façon de porter des jugements et/ou de prendre des décisions.

Il existe plus de 250 biais cognitifs.

Biais cognitifs : à ne pas confondes avec d’autres notions

Ils ne sont pas à confondre avec la dissonance cognitive ou encore la distorsion cognitive.

La dissonance cognitive est une tension interne qui se produit lorsque le système de croyances, de pensées, entre en contradiction. C’est par exemple le cas lors d’un conflit éthique.

Ensuite, la distorsion cognitive représente, elle, un schéma de pensées qui altère la perception de la réalité (ex : généralisation excessive).

Les rôles des biais cognitifs

  • Accélérer la prise de décisions, agir rapidement et faire face à l’urgence.
  • Faire face à une grande quantité d’informations et la trier au quotidien.
  • Créer du sens face à la complexité, l’inconnu ou le manque d’information sur une situation.
  • Faciliter le processus de mémorisation, surmonter les limites mnésiques.
Biais cognitifs et management
Biais cognitifs individuels au travail

Les trois types de biais

Les principaux biais cognitifs individuels

En premier lieu, découvrons quelques biais cognitifs individuels. Ces derniers biaisent nos processus de raisonnement, impactant notre efficacité personnelle.

Le biais d’optimisme :

Penser que les situations à conséquences négatives ne peuvent arriver qu’aux autres, minimiser l’impact des risques que l’on prend.

Le biais de fixation :

Face à un problème, fixer la résolution sur la première idée qui nous est venue, au détriment des autres possibilités. Pour contrer ce biais, il est bien de laisser le temps de réflexion à collaborateur, avant de commencer à s’exprimer à l’oral.

Le biais de confirmation :

Accorder de l’importance aux informations qui confirment notre hypothèse de départ, au détriment de ceux qui la contredisent.

Le biais d’escalade à l’engagement :

Persister dans une idée sans reconnaître qu’il s’agit d’une erreur, notamment quand les coûts sont conséquents et ne peuvent plus être récupérés. Ce biais est donc particulièrement délétères pour les projets. Il est par ailleurs intéressant car il est vraiment lié à soi. En effet, on a d’autant plus de mal à changer d’avis lorsque c’est nous qui avons pris la décision initiale. A l’inverse, il est plus facile d’être objectif lorsque l’idée vient d’une autre personne.

Les biais de disponibilité :

Utiliser uniquement les connaissances et compétences disponibles, en estimant maîtriser suffisamment le sujet.

Les biais mnésiques :

  • Le biais de primauté : mieux se souvenir des premiers éléments présentés
  • Le biais de récence : mieux se souvenir des derniers éléments présentés.

Ces deux biais peuvent coexister, c’est-à-dire que l’on omet les éléments du milieu.

  • Le biais de négativité : mieux se souvenir des éléments présentés perçus comme négatifs. En tant que manager, il peut s’agir de se focaliser sur ce qui n’a pas fonctionné en ommetant les réussites de son équipe.

Quelques biais cognitifs inter-personnels

Découvrons ensuite certains biais cognitifs inter-personnels, qui altèrent notre perception et jugement d’autrui. Ils entraînent des répercussions sur la relation à l’autre, sur comment on interagit avec les autres.

Le biais d’autorité :

Surestimer la valeur des opinions émises par une instance considérée comme supérieure ou experte. En tant que manager, il peut être intéressant de laisser d’abord les collaborateurs s’exprimer avant de prendre soi-même la parole.

L’illusion de transparence :

Surestimer la compréhension des autres de nos émotions, nos états internes, nos pensées. En effet, ce qui n’est pas exprimé ne peut pas être deviné. Ce biais impacte de manière importante les relations dans les équipes, entre un manager et son équipe, comme entre managers. En tant que chef d’équipe, lorsque vous êtes reconnaissant du travail de vos équipes, n’hésitez pas à leur faire savoir.

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La malédiction du savoir :

Il s’agit ici de penser que notre interlocuteur maîtrise le même degré de connaissances que nous. Vous pouvez notamment faire attention à ne pas utiliser un jargon trop technique qui gênerait la compréhension de l’autre. Il faut alors essayer d’être le plus clair et explicite possible.

Les biais de désirabilité sociale :

Par ce biais, nous nous présentons tel que nous pensons que les autres nous apprécieront/valideront.

Les principaux biais cognitifs inter-groupaux :

Ils biaisent notre vision du monde selon notre identité sociale, ce qui amène stéréotypes et préjugés.

Le biais d’essentialisme :

Attribuer des caractéristiques essentielles, distinctes et immuables à des groupes, catégorisation sociale. On peut alors surestimer les différences liées à ces groupes.

Le biais pro-endogroupe :

C’est la tendance des membres d’un groupe à mieux valoriser les personnes de ce même groupe. A contrario, avec ce bais, nous pouvons moins bien traiter les personnes qui sont externes à ce groupe. Cela peut ainsi entraîner des clans au sein des équipes.

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Les leviers pour dépasser ces biais :

Il est possible d’aller au-delà des biais cognitifs en appliquant quelques conseils :

  • Reconnaître que nous sommes tous concernés par les biais cognitifs.
  • Développer sa pensée critique. Se questionner sur ses jugements et ceux des autres : pourquoi on pense cela ?
  • Favoriser l’intelligence collective : confronter les points de vue.
  • Structurer la prise de décision : s’appuyer sur des critères objectifs.
  • Reconnaitre l’influence de nos émotions sur notre raisonnement. On peut se questionner sur ce qu’il se passe en nous.
  • Cultiver l’humilité cognitive : accepter l’incertitude et ses propres limites.
  • Sensibiliser et former aux biais cognitifs, afin d’amener une réflexion sur soi et les autres.

 

Les biais cognitifs nous permettent d’être efficaces en termes de rapidité de réponse. Pour autant, ils peuvent amener des erreurs de raisonnement et de jugement. Toutefois, ces biais ne peuvent pas être supprimés. Finalement, pour prévenir les biais cognitifs, il est d’abord nécessaire de se remettre en question, tant au niveau personnel que sur l’aspect managérial.